Difficile dâĂȘtre optimiste en ces temps sombres. Nul besoin dâen Ă©grener les raisons, chacun sait. MĂȘme le ciel annonce la couleur grise. Avec les pluies destructrices de ces derniers jours, on se demanderait presque sâil nâest pas en train de nous tomber sur la tĂȘte, comme le craignait un certain village dâirrĂ©ductibles un livre me tombe entre les mains, par un hasard gracieux. Une pĂ©pite littĂ©raire qui insuffle espoir, envie et colĂšre - la bonne colĂšre !Il sâagit de Nous lâEurope - banquet des peuples, de Laurent GaudĂ©, paru en 2019. Nous, l'Europe - Banquet des peuples Comprendre ce quâest lâEuropeOn ne peut pas dire que la forme poĂ©tique ait le vent en poupe, de nos jours. Câest pourtant celle que lâauteur a choisie pour relater lâaventure europĂ©enne, reliant ainsi son rĂ©cit Ă la tradition homĂ©rique. Vent frais, joues rougies, menton constat de dĂ©part est le suivant Depuis quelque temps, lâEurope semble avoir oubliĂ© quâelle est la fille de lâĂ©popĂ©e et de lâutopie. Elle sâassĂšche de ne pas parvenir Ă le rappeler Ă ses citoyens. Trop lointaine, dĂ©sincarnĂ©e, elle ne suscite souvent quâun ennui dĂ©sabusĂ©. » Comment faire alors pour que surgisse Ă nouveau la passion europĂ©enne ? DĂ©jĂ , nous nâentendons plus le cri nĂ© sur les charniers de la Seconde Guerre mondiale Plus jamais ça ! » Vingt-sept nations dĂ©cidant de faire un grand banquet des peuples » ! Et si câĂ©tait grĂące Ă cette alliance que nous pouvions rĂ©soudre les crises majeures de notre temps ? Comprenons dâabord comment nous sommes nĂ©sâŠQue de rĂ©volutions au XIXe siĂšcle ! La locomotive, lâĂ©lectricitĂ©, lâindustrialisation de la sociĂ©tĂ©, la naissance du prolĂ©tariat⊠Câest sur lâexploitation du charbon, nous dit lâĂ©crivain, que lâEurope pousse ses racines. Toujours plus vite, plus fort ! Ătre les premiers, les meilleurs ! Partout, des voix sâĂ©lĂšvent pour conspuer lâidĂ©ologie de la domination et de la compĂ©titivitĂ© Victor Hugo, Karl Marx, Engels, Proudhon, Blanqui, Garibaldi⊠Elle existe, LâEurope des fuites en pleine nuit,/ LâEurope des communistes,/ Des anarchistes,/ Des penseurs sulfureux ». Car en Irlande, en Angleterre, en France, en Italie, LâEurope gronde/ Parce quâelle a faim/ Et sent bien que ce qui est nĂ© en ce siĂšcle/ Ne se nourrit que dâune chose/ La force de travail de ceux qui nâont rien. » Ces voix nây feront rien. Toujours plus vite, plus fort ! Ătre les premiers, les meilleurs ! Au dĂ©triment, toujours, des populations dĂ©favorisĂ©es. Et voici venir les carnages de la colonisation et des terres pillĂ©es, la Grande Guerre puis la Seconde, raffinement de lâhorreur. LâEurope ? Ă sec, en cendres, dĂ©sespĂ©rĂ©e. Mais de nouvelles voix sâĂ©lĂšvent Plus jamais ça ! ». Câest dans cette optique quâest fondĂ©e la CommunautĂ© EuropĂ©enne du Charbon et de lâAcier en face Ă la peur de lâĂ©trangerIl semblerait que, dĂ©jĂ , nous ayons oubliĂ©. Aujourdâhui les Ătats, doucement mais sĂ»rement, se replient Ă lâintĂ©rieur de barbelĂ©s nationalistes. Le 23 juin 2016, les Britanniques enclenchent le mouvement câest le Brexit. Quant aux mots Plus jamais ça », ils ressemblent Ă ceux de notre devise française leur sĂšve depuis longtemps les a quittĂ©s. On les prononce par habitude, sans plus savoir ce quâils veulent dire. En pratique chacun sa merde et chacun chez soi !La tragĂ©die des en MĂ©diterranĂ©e ne nous empĂȘche guĂšre de dormir. LâEurope semble bien impuissante Ă gĂ©rer la situation. Le Pacte sur la migration et lâasile, prĂ©sentĂ© le 23 septembre 2020 par la Commission europĂ©enne, ne va pas assez loin pour les ONG tandis quâelle indigne dĂ©jĂ les partis dâextrĂȘme droite aux quatre coins de lâUE[1].Regardons dans lâHexagone nous avons tant dâautres crises Ă gĂ©rer⊠Et elles sont lĂ©gitimes ! Et elles sont nombreuses ! Nul besoin dâen Ă©grener les termes, chacun sait. Et tandis que le sĂ©paratisme congestionne le dĂ©bat public, survient lâattentat de Conflans. Confusions, amalgames. RĂ©activation de la haine et de la peur, de tous nation qui a peur est une nation docile. Câest bien connu. Câest ainsi, aprĂšs tout, que nous soumettons les enfants. Vous souvenez-vous du pĂšre Fouettard ?Le terrorisme est une calamitĂ©. Son aspect spectaculaire et la peur quâil gĂ©nĂšre empĂȘchent sa gestion de maniĂšre rationnelle. Câest sa force. Lâeffroi nous empĂȘche de penser[2]. InstrumentalisĂ©e, la peur opĂšre comme un Ă©cran de fumĂ©e masquant un mal non moins dĂ©lĂ©tĂšre, plus ramifiĂ©, auxquels nous sommes habituĂ©s lâexploitation des pauvres par les classes dominantes. Une plaie qui alimente la misĂšre Ă©conomique dâoĂč naissent, inĂ©vitablement, les violences sociales. Mais lâorigine est plus insidieuse et les effets moins spectaculaires. Voici une question qui me ronge pourquoi cibler toujours lâ Ă©tranger » le musulman, le rĂ©fugiĂ©, lâarabe, car pris par la peur, nous les confondons parfois tous⊠et si peu lâescroc en cravate qui sâengraisse de lâexploitation des plus pauvres ? Ils sont Ă©lus, occupent les plus nobles fonctions et malgrĂ© les mises en examen, les accusations de viol et les fraudes, ils continuent de nous diriger ?La tragĂ©die des en MĂ©diterranĂ©e ne nous empĂȘche guĂšre de dormir car nous nâaccordons pas Ă ces populations un statut similaire au nĂŽtre. Ils ne sont pas de notre culture. Ils sont diffĂ©rents. Nous sommes indiffĂ©rents. Le processus de dĂ©shumanisation est Ă lâĆuvre. Le radeau de la mĂ©duse selon Banksy Quand est-ce que cela commence ?/ Lorsque les mots deviennent plus durs ?/ Lorsquâon commence Ă parler de gangrĂšne »,/ De vermine »,/ De parasites »/ Et de nettoyage » ?/ Avec lâeugĂ©nisme ?/ Les stĂ©rilisations forcĂ©es ?/ La race doit ĂȘtre pure/ Et la main dĂ©jĂ sâentraĂźne Ă tuer. » Câest de lâAllemagne des annĂ©es 1930 dont Laurent GaudĂ© nous parle dans ces vers. Pas de lâEurope du XXIe siĂšcle ! Et pourtant, quelles rĂ©sonnances avec aujourdâhuiâŠLâEurope ? Nous nây croyons plus. Nous nous replions sur nous-mĂȘmes. Il est devenu dur de se projeter. Tellement de choses Ă penser. Nuques courbĂ©es par le manque dâespoir. Comme sâil nây avait rien Ă faire. Comme si le capitalisme, lâoppression et la guerre Ă©taient les fondements inĂ©luctables de nos vies terrorisĂ©es. Le coronavirus, en ce sens, nâa rien arrangĂ©. Il faut ĂȘtre rĂ©aliste », entend-on souvent. Mais quâest-ce que cela veut dire, ĂȘtre rĂ©aliste ? Ne plus rĂȘver Ă mieux ? Ne plus ĂȘtre en colĂšre, ne plus se soulever ?Le livre de GaudĂ© rĂ©veille. Il raconte bien comment lâhyper-compĂ©titivitĂ© et le capitalisme nĂ©o-libĂ©ral essorent les hommes, les femmes et la terre. Si nous ne faisons rien, ce sera, inĂ©vitablement, la fin des ressources, lâexplosion des inĂ©galitĂ©s, la guerre. Et lâon veut nous faire croire que le flĂ©au câest lâĂ©tranger » ?Une Europe des LumiĂšres est-elle encore possible ?Macron et ses marcheurs sont pro-europĂ©ens. Mais de quelle Europe parlons-nous ? Un territoire de cinq cents millions dâhabitants,/ Qui a dĂ©cidĂ© dâabolir la peine de mort,/ De dĂ©fendre les libertĂ©s individuelles,/ De proclamer le droit dâaimer qui nous voulons,/ Libre de croire ou de ne pas croire./ Nous sommes humanistes et cela doit sâentendre dans nos choix. » Câest cela. Je suis prof. Je suis française et europĂ©enne. Câest lâidĂ©al que je mâapplique Ă a en elle la puissance de porter un projet dâavenir pĂ©renne, Ă©cologique, soutenu par une Ă©conomie mesurĂ©e. Elle nâaura de sens que si elle prend soin de/ ceux qui sâusent. » Exit lâidĂ©ologie de la domination ! Et pourtant, quâa-t-on entendu rĂ©cemment ? LâUE, Ă la traĂźne en matiĂšre de technologies numĂ©riques, doit affirmer son leadership sur le marchĂ© de la ⊠6G [3] ! Toujours plus vite ! Plus fort ! Soyons les meilleurs ! Les premiers ! Elle a la vie dure, cette ritournelle⊠Ils sont dĂ©jĂ en retard, ceux qui rĂąlent contre la 5G !Mediapart nous annonçait le 12 octobre quâune majoritĂ© dâeurodĂ©putĂ©s rĂ©clamait une taxe sur les transactions financiĂšres Ă partir de 2024 afin de financer la relance et des mesures du Green Deal. Bonne nouvelle ? Ce le serait, si Bercy nây opposait pas[4] !Les LumiĂšres, ce ne sont pas les innovations » technologiques Ă tout prix ! Et le prix sâannonce corsĂ©. Les LumiĂšres sont aux antipodes de lâidĂ©ologie de la concurrence et de la domination. Nous avons toute une littĂ©rature Ă mĂȘme de le prouver, pour qui souhaiterait se rĂ©clamer de Diderot ou Montesquieu⊠Pendant ce temps, les migrants meurent par milliers en MĂ©diterranĂ©e, et nous nâen voulons pas. Pourquoi sommes-nous si peureux ?/ Nous sommes cinq cent millions dâEuropĂ©ens,/ Et jamais ce nombre ne semble nous confĂ©rer de force ?/ Sommes-nous si fragiles ?/ Pour nous rassurer, nous nâavons quâĂ plonger notre regard dans celui des rĂ©fugiĂ©s./ LâEurope dans leurs yeux est une terre puissante/ Qui protĂšge,/ Et offre la promesse dâune vie choisie. »Nous avons besoin dâĂȘtre humanistes. Craindre lâautre alimente la montĂ©e des fascismes et de la tyrannie. De lĂ surgit la vraie barbarie. Lâhistoire de lâEurope nous lâa amplement prĂ©fĂšre alors Ă©couter la voix de Laurent GaudĂ©. Il faut Ă lâEurope lâĂ©lan des peuples » pour se tenir droite et digne. Câest de lâutopie » entendra-t-on dire. Mais pourquoi lâutopie a-t-elle si mauvaise presse ? Pourquoi ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ© ?Les voix qui luttaient hier, Hugo, Garibaldi, se font toujours entendre aujourdâhui. Des journalistes indĂ©pendants, des Ă©cologistes, des agriculteurs, des jeunes, des artistes, des humanitaires, bien dâautres encore, tous Ă leur façon rĂ©volutionnaires, luttent pour un monde meilleur, partout en Europe et au-delĂ des frontiĂšres[5]. Un monde meilleurâŠEt soudain je me rends compte que lâauteur de Nous lâEurope, banquet des peuples, vient de faire une chose incroyable me mettre en colĂšre, me passionner. Rouvrir mon horizon. Il faut le lire. Que lâardeur revienne./ Que lâEurope sâanime,/ Change,/ Et soit,/ Ă nouveau,/ Pour le monde entier,/ Le visage lumineux/ De lâaudace,/ De lâesprit,/ Et de la libertĂ©. »Nâest-ce pas cela, la vĂ©ritable essence des LumiĂšres ? Pour quâun jour, â rĂȘvons encore! - nous puissions nous asseoir Ă ce banquet des peuples, sous un ciel Ă©toilĂ©, comme aimait Ă le faire un certain village dâirrĂ©ductibles Gaulois.[1] On peut lire, Ă ce sujet, lâarticle de Denise Jodelet, Dynamiques sociales et formes de la peur », sur les mĂ©canismes de la peur et son instrumentalisation dans le discours mĂ©diatique et politique Voir et Je pense par exemple au navire de Banksy, le Louise Michel, dirigĂ© par la capitaine allemande Pia Klemp, parti en aoĂ»t dernier des cĂŽtes espagnoles afin dâaller secourir les migrants en MĂ©diterranĂ©e.
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23 24 janvierNous, lâEuropeBanquet des PeuplesUn spectacle coproduit par la Cie du Passage qui, aprĂšs des reprĂ©sentations au prestigieux Festival dâAvignon, partira en tournĂ©e dans plusieurs pays et sera jouĂ© sur de grandes scĂšnes nationales de lâEurope, ses convulsions, ses blessures, ses trouĂ©es de lumiĂšre et ses utopies. Ce rĂ©cit choral, portĂ© par une foule de cinquante choristes et onze artistes venant dâAllemagne, de Belgique, de France, de GrĂšce, dâIrlande, de Pologne et de Suisse, interroge les liens entre les nations europĂ©ennes. Critique mais aussi rassembleur, ce spectacle invite Ă ne pas oublier lâimportance de la fraternitĂ© dans notre sociĂ©tĂ©. Le Temps â Alexandre DemidoffMon utopie que lâEurope soit enfin populaire»texteLaurent GaudĂ©conception, musique, mise en scĂšneRoland AuzetavecRobert BouvierRodrigo FerreiraOlwen FouĂ©rĂ©Vincent KreyderDagmara Mrowiec-MatuszakYasine OuichaRose-Nyndia MartineKaroline RoseEmmanuel SchwartzArtemis StavridiThibault Vinçonet le chĆurLyricascĂ©nographieRoland AuzetlumiĂšreBernard RevelchorĂ©graphieJoĂ«lle BouviervidĂ©oPierre Lanielcollaboration artistiqueCarmen JolinsonDaniele Segre AmarcostumesMireille Dessingyassistant Ă la mise en scĂšneVictor PavelrĂ©gie GĂ©nĂ©raleJean-Marc BeauProduction dĂ©lĂ©guĂ©eLâArchipel â scĂšne nationale de PerpignanCoproductionActOpus â Compagnie Roland AuzetScĂšne Nationale de Saint-NazaireCompagnie du Passage, NeuchĂątel SuisseThéùtre Prospero / Groupe de la VeillĂ©e MontrĂ©alThéùtre-SĂ©nart, scĂšne nationale Festival dâAvignonThéùtre de Choisy-le-Roi â ScĂšne conventionnĂ©e dâintĂ©rĂȘt national â Art et CrĂ©ation pour la diversitĂ©linguistiqueOpĂ©ra Grand AvignonMA ScĂšne Nationale de MontbĂ©liardTeatr Polski Bydgoszcz PologneChĂąteauvallon scĂšne nationaleMC2 Grenoble scĂšne nationalePartenaires EuropĂ©ens en coursFestival Temporada Alta, GĂ©rone Espagne, Dublin Theatre Festival Irlande, Teatr Polski Bydgoszcz Pologne.avec la participation artistique du Jeune théùtre national. + logo cf. documentationLa Compagnie Act Opus est soutenue au titre des Compagnies et Ensembles Ă Rayonnement National et International par le MinistĂšre de la Culture, DRAC Auvergne-RhĂŽne Alpes. Elle est en convention avec le Conseil RĂ©gional dâAuvergne-RhĂŽne au Festival dâAvignon
Nous lâEurope, Banquet des peuples Laurent GaudĂ© / Roland Auzet CrĂ©ation au Festival dâAvignon en juillet 2019 spectacle disponible en tournĂ©e de janvier Ă avril 2020 . Nous, lâEuope, Banquet des peuples Texte Laurent GaudĂ© Conception, Musique, Mise en scĂšne Roland Auzet ScĂ©nographie Roland Auzet LumiĂšre Bernard Revel ChorĂ©graphie JoĂ«lle Bouvier VidĂ©o Pierre Laniel
RĂ©sumĂ©s Dans la saga ouvriĂšre et socialiste, puis plus tard communiste, la Commune de Paris tient, Ă juste titre, une place de choix. Or, son histoire hĂ©roĂŻque et tragique se trouve quasiment Ă mi-chemin entre deux moments importants du mouvement dâexpansion coloniale, la conquĂȘte de lâAlgĂ©rie 1830 et lâachĂšvement de cette expansion Maroc, 1912. Les Communards nâeurent Ă©videmment ni le temps ni sans doute la capacitĂ© de rĂ©flĂ©chir Ă la question coloniale. Ils y ont pourtant Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă diverses occasions dâabord par la prĂ©sence, certes minoritaire, de colonisĂ©s sur le pavĂ© parisien en 1871 ; puis, plus tard, lorsque ces damnĂ©s de la terre » en exil croisĂšrent le destin dâautres victimes, les Kanak orthographe dâĂ©poque Canaques. Il y eut dâailleurs, durant cet exil, un Ă©pisode tragique la rĂ©volte des colonisĂ©s de 1878. Bien des Communards ne comprirent aucunement les raisons â et encore moins les formes â de cette rĂ©volte. Certains, hĂ©las, participĂšrent mĂȘme Ă la rĂ©pression. La grande figure internationaliste de Louise Michel, qui partagea un temps la vie des Kanak et soutint leur lutte, nâen est que plus remarquable. The Paris Commune holds a special place in the history of the labor and socialist movement, and later in the communist movement. Its heroic and tragic fate falls almost halfway between two major steps in the French colonial expansion, namely the conquest of Algeria 1830 and the completion of said expansion Morocco 1912. Obviously, the Communards had neither the time nor the opportunity to address the colonial question. They were, however, confronted with it on various occasions first by the small but notable presence of colonized people on the Parisian streets in 1871; then, later, when the exiled wretched of the earth » crossed paths with other victims of the French state, the Kanak spelled Canaques at the time. The 1878 uprising of the colonized happened during their exile. Many of the Communards did not understand the reasons â and certainly not the forms â of the uprising. Some, unfortunately, even took part in the crackdown against it. The great internationalist figure of Louise Michel, who lived among the Kanaks for a time and supported their struggle, is all the more remarkableHaut de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1Le mouvement communard a croisĂ© lâhistoire de la France coloniale en trois occasions, assez diffĂ©rentes. La premiĂšre, dans le cours mĂȘme des Ă©vĂ©nements, fut la prĂ©sence de rares colonisĂ©s dans Paris intra muros Ă ce moment, soit insurgĂ©s eux-mĂȘmes, soit simples passants devenus de fait prisonniers des Ă©vĂ©nements. Le second lien, plus sĂ©mantique que politique et historique, a Ă©tĂ© la proclamation dâune Commune dâAlger, constituĂ©e par les Français rĂ©publicains de cette ville. Enfin, en Kanaky, que les Français avaient rebaptisĂ©e Nouvelle-CalĂ©donie, les dĂ©portĂ©s communards connurent une cohabitation avec les populations locales qui nâeut rien dâidyllique. Des colonisĂ©s communards 1 Henri Alleg, Le torrent souterrain », dans Henri Alleg dir., La Guerre dâAlgĂ©rie, vol. I, Paris ... 2La Commune fut un mouvement internationaliste, regroupant dans ses rangs â et Ă©lisant â des Polonais Dombrowicz, des Italiens Amilcar Cipriani, Menotti Garibaldi, fils du grand rĂ©volutionnaire, des Hongrois LĂ©o Frankel, dont certains sont passĂ©s Ă la postĂ©ritĂ©. Elle compta Ă©galement, câest moins connu, 5 AlgĂ©riens et 20 Africains, dont lâhistoire nâa pas retenu les noms, Ă une exception prĂšs1. 2 Marcel Cerf, Maxime Lisbonne, le DâArtagnan de la Commune, Paris, Le Pavillon, 1967. Voir Ă©galement ... 3Sauf erreur ou omission, un colonisĂ© au moins a Ă©chappĂ© Ă un total anonymat. Il sâappelait Mohammed Ben Ali, un tirailleur algĂ©rien devenu lâordonnance de Maxime Lisbonne, souvent appelĂ© le DâArtagnan de la Commune2 ». Jules VallĂšs, dans son rĂ©cit LâInsurgĂ©, Ă©voque sa triste fin 3 Jacques Vingtras. LâInsurgĂ©. 1871, Paris, G. Charpentier & Cie, 1886. Nous nous Ă©tendons chacun sur une vareuse, avec une giberne pour oreiller, pas bien loin dâun lit oĂč est allongĂ©, hideux dans son costume bleu de ciel, un turco, lâordonnance de Lisbonne, qui hier a Ă©tĂ© mis en capilotade par un obus, et dont le crĂąne dĂ©foncĂ© a lâair dâavoir Ă©tĂ© rongĂ© par les rats. »3 4 Maxime Vuillaume, La proclamation de la Commune » brochure non signĂ©e, dans Hommes et Choses du ... 5 Auguste Raffet, Paris sous la Commune, 1885, Reprint Paris, Ăditions Dittmar, 2002. 6 Le troisiĂšme bataillon est celui des Turcos, dont le commandant Wolff sera tuĂ© au combat, sans qu ... 4Dans divers tĂ©moignages, il est plusieurs fois question dâun bataillon de Turcos ». Ces tirailleurs algĂ©riens Ă©taient connus et mĂȘme fort apprĂ©ciĂ©s des Parisiens depuis la guerre de CrimĂ©e 1853-1856 et lâimplantation en France qui sâensuivit. Au dĂ©tour dâune phrase, par exemple sous la plume de Maxime Vuillaume, on apprend quâun certain bataillon Enfants du PĂšre Duchesne » Ă©tait en garnison Ă cĂŽtĂ© des Turcos de la Commune ». Plus tard, place de lâHĂŽtel-de-Ville, le mĂȘme a vu dans la foule un Turco nĂšgre hilare4 ». Dans les dessins dâAuguste Raffet reprĂ©sentant des uniformes de la Commune, on voit des vestes de Turcos5. Tout cela est bien maigre, et il semble que les recherches des historiens spĂ©cialisĂ©s nâaient pas abouti Ă dâautres tĂ©moignages6. 7 Le Soir, 13 fĂ©vrier 1872 ; repris dans Contes du lundi, Paris, Lemerre, 1873. 8 Jean-Pierre PĂ©cau, BenoĂźt Dellac et Thorn, LâHomme de lâannĂ©e, 1871. Lâun des hĂ©ros de la Commune d ... 5Par contre, ces Turcos passĂšrent Ă la postĂ©ritĂ© grĂące Ă la plume dâAlphonse Daudet. On sait combien les grands Ă©crivains de lâĂ©poque furent haineux envers la Commune, et Daudet participa Ă la curĂ©e. Il fut pourtant auteur dâune nouvelle sensible, Le Turco de la Commune, qui contait la triste aventure de Kadour, de la tribu du Djendel », engagĂ© dans lâarmĂ©e impĂ©riale en 1870, qui ne comprit rien aux Ă©vĂ©nements il ne parlait pas français. Lorsque son bataillon fut en dĂ©route devant les Prussiens, il erra quelque temps, avant de se retrouver par hasard dans les rues de Paris, enrĂŽlĂ© sans rien comprendre du cĂŽtĂ© des Communards, et finit par ĂȘtre fusillĂ© par les Versaillais7. Certains auteurs affirment que Daudet sâest inspirĂ© dâun personnage rĂ©el, qui nâavait rien dâun AlgĂ©rien, un certain Abdullah, en fait un Abyssin, fils adoptif dâAntoine DâAbbadie, grand voyageur, gĂ©ographe, membre de lâInstitut. Devenu adulte, Abdullah se serait effectivement engagĂ© dans les Turcos, puis ralliĂ© â mais lui, en connaissance de cause â Ă la Commune et aurait finalement Ă©tĂ© abattu par les Versaillais8. 6On peut imaginer que, sâil restait des indigĂšnes » dans les rangs des Communards en mai, ils furent lâobjet dâune haine plus farouche encore de la part des Versaillais et quâils furent fusillĂ©s. Une Commune dâAlger⊠pour les seuls EuropĂ©ens9 9 Claude Martin, La Commune dâAlger 1870-1871, Paris, HeraklĂšs, 1936 ; Marcel Ămerit, La question ... 10 CitĂ© par Charles-Robert Ageron, Les AlgĂ©riens musulmans et la France 1871-1919, vol. I, Paris, Pu ... 11 Journal des dĂ©bats, 7 septembre 1870. 7La chute du Second Empire fut saluĂ©e avec enthousiasme en AlgĂ©rie par la majoritĂ© des EuropĂ©ens, trĂšs majoritairement rĂ©publicains. Mais rĂ©publicain », dans cette terre coloniale, avait un sens diffĂ©rent de celui de la mĂ©tropole. Pour eux, la politique dite du royaume arabe » de NapolĂ©on III et de ses soutiens, les officiers, Ă©tait une folie indigĂ©nophile Depuis quelques annĂ©es, on ne parle que des droits sacrĂ©s des indigĂšnes ; ne serait-il pas opportun dâinvoquer ceux non moins sacrĂ©s des colons ? », avait dĂ©clarĂ© leur porte-parole, EugĂšne Warnier 186310. DĂšs le 4 septembre 1870, une Association rĂ©publicaine prĂ©sidĂ©e par le maire, Romuald Vuillermoz, envoya un message de soutien au nouveau gouvernement de Paris. Une Commune dâAlger vit le jour. Mais elle nâavait aucune similitude avec celle de Paris, qui lui succĂ©da elle Ă©tait certes un mouvement rĂ©publicain, mais menĂ© exclusivement par des EuropĂ©ens, colons bien sĂ»r, mais aussi petits commerçants et artisans. DĂšs le 5 septembre, Gambetta, tout nouveau ministre de lâIntĂ©rieur, nomma Auguste Warnier prĂ©fet du dĂ©partement dâAlger11, promotion significative. 12 Certaines biographies le prĂ©sentent comme le comte de Calvinhac. 8Six mois plus tard, la proclamation de la Commune de Paris divisa les rangs des rĂ©publicains algĂ©rois. Une minoritĂ© socialisante envoya Ă Paris trois dĂ©lĂ©guĂ©s, Alexandre Lambert, Lucien Rabuel et Louis Calvinhac12. Ils firent une proclamation le 28 mars 1871 13 Dans Journal des journaux de la Commune. Tableau rĂ©sumĂ© de la presse quotidienne, du 19 mars au 24 ... Les dĂ©lĂ©guĂ©s de lâAlgĂ©rie dĂ©clarent, au nom de tous leurs commettants, adhĂ©rer de la façon la plus absolue Ă la Commune de Paris. LâAlgĂ©rie tout entiĂšre revendique les libertĂ©s communales. OpprimĂ©e pendant quarante annĂ©es par la double centralisation de lâarmĂ©e et de lâadministration, la colonie a compris depuis longtemps que lâaffranchissement complet de la commune est le seul moyen pour elle dâarriver Ă la libertĂ© et Ă la prospĂ©ritĂ©. »13 14 Journal des dĂ©bats, 1er avril 1871. 9Ă lâopposĂ©, le Journal officiel de Versailles fit paraĂźtre une vĂ©hĂ©mente protestation contre cet appel, signĂ©e du reprĂ©sentant de Constantine, Marcel Lucet14. 15 Jean-Luc LabbĂ©, notice Lambert Alexandre », Dictionnaire biographique Maitron, Mouvement ouvrier, ... 16 Nous nâavons pas retrouvĂ© trace de son passĂ© algĂ©rien avant 1871. 17 Alphonse Bertrand, La Chambre de 1893. Biographies des 681 dĂ©putĂ©s, avec avertissement et documents ... 10Lambert, ancien proscrit de 1852, exilĂ© en AlgĂ©rie oĂč il Ă©tait devenu journaliste, devint durant la Commune dĂ©lĂ©guĂ© de lâAlgĂ©rie au sein dâun ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale et de lâintĂ©rieur, chef de bureau au ministĂšre de lâIntĂ©rieur presse15. Il combattit ensuite sur les barricades lors de la Semaine sanglante et y fut tuĂ©. Rabuel16 fut ensuite dĂ©portĂ© en Nouvelle-CalĂ©donie. Calvinhac fut arrĂȘtĂ© le 8 juin 1871, internĂ©, puis condamnĂ© Ă un an de prison et 500 francs dâamende. Il ne retourna pas en AlgĂ©rie et fit une carriĂšre politique sous la IIIe RĂ©publique, toujours Ă lâextrĂȘme gauche17. Face Ă la rĂ©volte kabyle 11La rĂ©volte de Mohand Amokrane, dit El-Mokrani, qui Ă©clata en Kabylie en mars-avril 1871, le plus vaste mouvement insurrectionnel de lâhistoire de lâAlgĂ©rie entre la reddition dâAbd-el-Kader et le dĂ©but de la guerre dâindĂ©pendance, allait-elle donner aux Communards lâoccasion de rĂ©flĂ©chir au sort des colonisĂ©s ? Il nâen fut rien. 18 Affaire de lâOued-Okris subdivision dâAumale », dans RĂ©impression du Journal officiel de la RĂ©p ... 19 AlgĂ©rie », Journal officiel de la Commune, op. cit., 8 mai 1871 Gallica. 12Dans le Paris communard, lâaccaparement par la gestion au quotidien et par la nĂ©cessaire prĂ©paration de la rĂ©sistance Ă Versailles, ainsi que la sous-information sur la rĂ©volte kabyle, expliquent la quasi-absence de rĂ©actions. Et les rares traces que lâon trouve dans les Ă©crits communards sont bien dans le ton de lâĂ©poque dĂ©nonciation des insurgĂ©s, appelĂ©s lâennemi » ou les rebelles »18, exaltation de nos soldats, qui font vaillamment le coup de feu19 »⊠20 Un rectificatif ultĂ©rieur prĂ©cisera quâil sâagissait du journal La Paix et non La Patrie, Journal ... 13A fortiori pour les Communards algĂ©rois. Le dĂ©lĂ©guĂ© dĂ©jĂ citĂ©, Alexandre Lambert, Ă©prouva mĂȘme le besoin de dĂ©mentir tout lien entre les deux mouvements â et mĂȘme Ă se porter garant dâune meilleure efficacitĂ© dans la lutte contre les indigĂšnes » â dans une lettre au rĂ©dacteur en chef de la feuille versaillaise La Patrie20 FidĂšle Ă votre rĂŽle dâalarmiste et dâennemi dĂ©clarĂ© de la Commune, vous parlez de troubles survenus en AlgĂ©rie et vous en exagĂ©rez la gravitĂ© pour en effrayer lâopinion publique. Vous commettez une action plus mauvaise encore en insinuant que cette insurrection est lâĆuvre des nombreux amis que la Commune possĂšde en AlgĂ©rie. DĂ©lĂ©guĂ© Ă©lu par la ville dâAlger, je vous affirme Que tous les colons algĂ©riens veulent pour eux et pour la France la Commune, Que tous les colons algĂ©riens sont intĂ©ressĂ©s Ă maintenir le calme et lâordre chez les indigĂšnes, et quâils en viendraient facilement Ă bout sâils avaient la Commune et toutes les libertĂ©s quâelle comporte, 21 Les bureaux arabes, fondĂ©s sous le Second Empire, Ă©taient entre les mains des officiers. Il se pass ... 22 Journal officiel de la Commune, op. cit., 3 mai 1871. Que toutes les insurrections algĂ©riennes sont depuis longtemps lâĆuvre prĂ©mĂ©ditĂ©e des bureaux arabes21. Ce fait est si vrai, que le gouvernement a rendu un dĂ©cret ordonnant de poursuivre devant les conseils de guerre les officiers dans le commandement desquels une insurrection Ă©claterait ; mais ce dĂ©cret est demeurĂ© inappliquĂ©. » CommuniquĂ©, 1er mai 187122 La dĂ©portation en Kanaky23 23 Par respect pour les demandes du mouvement national de cette Ăźle, nous avons adoptĂ© les appellation ... 24 EugĂšne Morand, Le Figaro, 6 fĂ©vrier 1872. 25 Roger PĂ©rennĂšs, DĂ©portĂ©s et forçats de la Commune, de Belleville Ă NoumĂ©a, Nantes, Ouest Ăditions/U ... 26 Alban Bensa, Nouvelle-CalĂ©donie. Un paradis dans la tourmente, Paris, Gallimard, coll. DĂ©couverte ... 14Une fois la grande rĂ©pression de la Semaine sanglante passĂ©e, la bourgeoisie versaillaise voulut poursuivre et achever lâ assainissement » de la sociĂ©tĂ© française. La dĂ©portation en Kanaky fut lâune des solutions trouvĂ©es. Les Communards condamnĂ©s, dâabord retenus au bagne de Toulon, commencĂšrent Ă ĂȘtre dirigĂ©s vers la Grande Ăle ». Le premier bateau partit le 1er fĂ©vrier 187224 par une curieuse conception du droit, la loi fixant la Kanaky comme lieu de dĂ©portation ne fut adoptĂ©e que le 23 mars25. En tout, 4 250 femmes et hommes furent dĂ©portĂ©s, 400 y laissĂšrent la vie par maladie, fatigue, certains par dĂ©sespoir26. 15Comment ces dĂ©portĂ©s comprirent-ils ou ne comprirent-ils pas la situation coloniale ? Quelle fut leur attitude lors de la grande rĂ©volte kanak de 1878 ? Comment, par ailleurs, observĂšrent-ils dâautres proscrits, les Kabyles rĂ©voltĂ©s en 1871 ? 27 Jean Baronnet et Jean Chalou, Communards en Nouvelle-CalĂ©donie. Histoire de la dĂ©portation, Paris, ... 28 Alice Bullard, Exile to Paradise Savagery and Civilization in Paris and the South Pacific, 1790-1 ... 16Les tĂ©moignages que nous possĂ©dons sur leur vie quotidienne montrent que, dans leur majoritĂ©, ces damnĂ©s blancs de la terre » ne manifestĂšrent guĂšre Ă leurs compagnons de misĂšre kanak quâun intĂ©rĂȘt de lointaine curiositĂ©27 » dans la plupart des cas, parfois mĂȘme du dĂ©dain et du mĂ©pris28. 17En 1878, ils furent confrontĂ©s Ă la grande insurrection des indigĂšnes ». Contrairement Ă ce quâon aurait pu attendre de la part de ces anciens insurgĂ©s, rares furent ceux qui comprirent ce mouvement. Ăvidemment, chacun a en tĂȘte lâexception prestigieuse de Louise Michel, mĂȘme si elle nâeut pas immĂ©diatement la claire comprĂ©hension de la rĂ©volte quâelle sâattribua des annĂ©es plus tard. La rĂ©volte de 1878 lâempathie de Louise Michel et de quelques rares autres⊠29 Louise Michel, MĂ©moires Ă©crits par elle-mĂȘme, Paris, F. Roy, 1886 ; Je vous Ă©cris de ma nuit. Corre ... 30 Lettre au citoyen Paysan et Ă nos amis, non datĂ©e JoĂ«l DauphinĂ©, op. cit.. 31 LĂ©gendes et chants de gestes canaques, Paris, KĂ©va & Cie, 1885 Gallica. 18Comment ne pas commencer une Ă©tude sur ce sujet sans citer en tout premier lieu Louise Michel29 ? Son esprit ouvert, avide en permanence de connaissances nouvelles, la servit dans lâĂ©preuve de lâexil. Encore en mer sur le navire La Virginie, elle Ă©crivit, avant mĂȘme le premier contact avec la colonie Avec les sauvages, il y aura le but doublement humanitaire dâempĂȘcher quâon ne les refoule par le canon en les civilisant et de faire des Ă©tudes historiques vraies dans les ruines » lettre, 187330. Elle commença dâailleurs Ă appliquer ce principe en recueillant les lĂ©gendes, quâelle publia dans un journal, Les Petites affiches. Revenue en France, elle rĂ©unit ces textes en volume31 mĂȘme si les spĂ©cialistes sont dubitatifs sur le caractĂšre authentique de toutes les lĂ©gendes. Louise, cependant, partagea parfois le paternalisme â et dans son cas le maternalisme â ambiant de son temps 32 Dans Je vous Ă©cris de ma nuit, op. cit. JâespĂšre, dans mes excursions pour la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie, apprendre aux Kanaks Ă nous Ă©galer, ce qui ne sera pas si difficile quâon le croit. Cette race qui sâĂ©teint, au lieu dâĂȘtre broyĂ©e Ă coups de canon et dĂ©possĂ©dĂ©e, pourrait contracter des alliances avec la nĂŽtre, ce qui produirait une nation intelligente et forte, du moins un peu plus que les nĂŽtres qui sont lĂąches et bien bĂȘtes. » lettre, 28 aoĂ»t 187532 19Prit-elle fait et cause pour eux lors de la grande rĂ©volte de 1878, comme elle lâa racontĂ© ? Deux ans aprĂšs son retour novembre 1880, elle fut attaquĂ©e assez bassement, lors dâun meeting, par un participant, un certain Bernadotte, qui lâaccusa dâavoir fomentĂ© la rĂ©volte kanak pour Ă©craser les Communards ». Elle rĂ©pondit 33 Elle nâadoptera le drapeau noir quâĂ son retour en France dĂ©claration lors dâun meeting, 18 mars 1 ... 34 Louise Michel mouchard » titre Ă©tonnant, car lâarticle lave la militante de ce soupçon, Le Gaul ... Lors de lâinsurrection des Canaques, deux chefs que je connaissais vinrent me voir et mâapprirent leur rĂ©solution de se joindre aux rĂ©voltĂ©s. Je partageai entre eux le dernier morceau de mon Ă©charpe rouge33 au moment oĂč ils se mirent Ă la nage pour sâĂ©loigner des avant-postes français. »34 20Des annĂ©es plus tard, elle reprit ce rĂ©cit dans ses MĂ©moires Parmi les dĂ©portĂ©s, les uns prenaient parti pour les Canaques, les autres contre. Pour ma part, jâĂ©tais absolument pour eux. ⊠Pendant lâinsurrection canaque, par une nuit de tempĂȘte, jâentendis frapper Ă la porte de mon compartiment de la case. - Qui est lĂ ? demandai-je. - TaĂŻau amis, rĂ©pondit-on. Je reconnus la voix de nos Canaques apporteurs des vivres. CâĂ©taient eux, en effet ; ils venaient me dire adieu avant de sâen aller Ă la nage par la tempĂȘte rejoindre les leurs, pour battre mĂ©chants Blancs, disaient-ils. 35 La Commune. Histoire et souvenirs, Paris, Stock, 1898. Alors, cette Ă©charpe rouge de la Commune que jâavais conservĂ©e Ă travers mille difficultĂ©s, je la partageai en deux et la leur donnai en souvenir. »35 36 Op. cit. 21La scĂšne est belle. Malheureusement, la correspondance de Louise, contemporaine de la rĂ©volte, ne la signale quasiment pas. Lâhistorien JoĂ«l DauphinĂ© est dubitatif sur la vĂ©racitĂ© de cette scĂšne. La thĂšse quâil soutient est la suivante sur place, Louise Michel a sans doute eu plutĂŽt de la sympathie pour la rĂ©volte. Puis, nâayant comme informations que celles que lui donnaient les EuropĂ©ens â massacres Ă©pouvantables, mutilations, scĂšnes dâanthropophagie â, elle fut sans doute quelque peu effrayĂ©e, dâoĂč peut-ĂȘtre son silence gĂȘnĂ©. Ce nâest que plus tard, de retour en France, quâelle a Ă©tĂ© mise dans la possibilitĂ© de comprendre la rĂ©volte. DâoĂč son rĂ©cit, oĂč elle sâattribue un rĂŽle quâelle nâa peut-ĂȘtre pas complĂštement tenu36. 22LâannĂ©e qui suivit la rĂ©volte, le gouverneur accepta quâelle vienne Ă NoumĂ©a reprendre son mĂ©tier dâinstitutrice. Elle fut un temps en charge dâĂ©coles dâenfants de bagnards, puis des jeunes filles de la ville. Fut-elle Ă©galement institutrice des Kanak ? Les rĂ©ponses divergent. 23Ils ne furent pas nombreux, les Communards qui, Ă lâimage de la grande Louise, firent lâeffort de comprendre les Kanak. 24Un autre militant libertaire, Charles Malato, Ă©crivit lui aussi â mais il est vrai quinze annĂ©es plus tard â un ouvrage de MĂ©moires dans lequel il prit leur dĂ©fense 37 Ses parents, Ă©galement communards, avaient Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s avec lui. 38 De la Commune Ă lâAnarchie, Paris, Stock, 1894, citĂ© sur le site de RenĂ© Merle. Lâennemi ! Faut-il donc lâappeler ainsi, ce peuple noir qui combat pour son indĂ©pendance ? Proscrits pour la cause de la libertĂ©, allons-nous passer du cĂŽtĂ© des oppresseurs ? Telles sont les questions que mes parents37 et moi nous nous posons avec amertume. HĂ©las ! la rĂ©ponse nâest que trop claire. Oui, ces hommes, en se soulevant contre lâautoritĂ©, ont pour eux le droit naturel. Ils veulent vivre Ă leur guise, sur le sol oĂč ils sont nĂ©s rien de plus juste. »38 La rĂ©volte de 1878 des Communards chasseurs de Kanak 25Maigre bilan. Les Communards, qui chantaient sans doute Quand tous les pauvres sây mettront⊠» Jean-Baptiste ClĂ©ment, La Semaine sanglante, 1871, dans leur majoritĂ© ne comprirent pas la protestation de plus pauvres encore quâeux. 26La premiĂšre cause de cette incomprĂ©hension rĂ©side dans le fait quâĂ lâĂ©poque, rares, trĂšs rares avaient Ă©tĂ© les militants ouvriers qui sâĂ©taient interrogĂ©s sur la question coloniale, peu importante avant 1871. Plus grave encore fut le regard portĂ© sur ces sauvages », ces cannibales ». Un dĂ©portĂ©, Cavarey, partit dâune constatation qui, Ă ses yeux, Ă©tait dâĂ©vidence Tout le monde est dâavis que, pour rendre la sĂ©curitĂ© Ă la colonisation, il est nĂ©cessaire que la plus grande partie de ce peuple disparaisse ». Lâex-Communard avançait donc sa solution », qui avait lâavantage de ne pas faire dĂ©penser une trop grande quantitĂ© de balles » 39 Cavarey, Album de lâĂle des Pins, 27 juillet 1878, citĂ© par Jean Baronnet et Jean Chalou, op. cit. Ne pourrait-on pas expĂ©dier deux ou trois mille dâentre eux dans celles de nos colonies qui manquent de travailleurs ? La Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et surtout la RĂ©union les recevraient volontiers et, au milieu dâune population composĂ©e dâĂ©lĂ©ments divers, ces quelques centaines de Canaques seraient Ă©videmment bien peu dangereux. »39 40 Lettre, 1er janvier 1879, citĂ© par Jean Baronnet et Jean Chalou, op. cit. 27MĂȘme un futur responsable de premier plan du socialisme Ă©mergent, Jean Allemane, sâil ne participa pas personnellement Ă la rĂ©pression, jugea sĂ©vĂšrement ces cannibales40 ». 28Pour un autre tĂ©moin, Victor Cosse, la simple comparaison entre Communards et Kanak rĂ©voltĂ©s Ă©tait insultante 41 Album de lâĂle des Pins, vers 1880, citĂ© par Ămilie Cappella, Louise Michel, exil en Nouvelle-CalĂ©d ... Colons trĂšs involontaires, nous faisons en somme partie dâune sociĂ©tĂ© europĂ©enne Ă©garĂ©e Ă six mille cinq cents lieues de notre France et livrĂ©e Ă toutes les brutalitĂ©s de peuples un peu trop primitifs. Depuis bientĂŽt six ans que nous sommes ici, il sâest Ă©tabli entre la population civile et nous des relations qui nous commandent la sympathie pour les colons qui essayent, si loin de chez nous, un agrandissement de la France et une richesse nouvelle pour le pays⊠Vous connaissez tous le mot qui est restĂ© cĂ©lĂšbre âLâinsurrection est le plus sain des devoirsâ. Pardieu ! Nous lâavons mis en pratique et, un peu beaucoup, Ă nos risques et pĂ©rils. Mais encore faut-il que cette insurrection reste loyale et courageuse. Quâest-ce que ces assassins se glissant dans lâombre pour Ă©gorger des familles inoffensives, pour incendier des rĂ©coltes et des habitations, pour anĂ©antir en quelques minutes lâĆuvre de plusieurs annĂ©es dâun labeur assidu ! Quâest-ce que ces bandits se glissant dans un fond de brousse, Ă lâabri de tout danger, pour assassiner au passage un officier qui vient accomplir son devoir ? »41 29Et la mĂ©fiance Ă©tait rĂ©ciproque. Dâabord, comment les Kanak auraient-ils pu faire la distinction entre les Blancs, tous assimilĂ©s Ă ceux qui causaient leur malheur ? Malato, dĂ©jĂ citĂ©, avait bien compris que les deux catĂ©gories de parias ne pouvaient se comprendre 42 Op. cit. 30 Mais ils ne distinguent pas, â le pourraient-ils dâailleurs ? â entre le fonctionnaire qui les opprime, le colon qui lentement les dĂ©possĂšde et le paria bouclĂ© de force dans leur Ăźle, de par la rancune politique ou la vindicte sociale. Forçats, dĂ©portĂ©s, femmes, enfants, vieillards, aussi bien que galonnĂ©s et messieurs ventrus, tout ce qui a visage blanc leur est odieux et mĂ©rite non seulement la mort, mais la torture la plus cruelle. Et, au milieu de leur Ćuvre inexorable de destruction, jamais lâĂ©clair de pitiĂ© ne jaillit. »42 43 Simon-Mayer, Souvenirs dâun dĂ©portĂ©, Ătapes dâun forçat politique, Paris, E. Dentu,1880 Gallica. 31Les rares Kanak qui avaient Ă©tĂ© Ă©duquĂ©s, en gĂ©nĂ©ral par les missionnaires, Ă©taient emplis de mĂ©fiance envers ces nouveaux venus dâEurope, ces sans-dieu ». Les autoritĂ©s jouaient sur ces rivalitĂ©s les Kanak obtenaient mĂȘme une prime lorsquâils ramenaient un Communard en fuite43. 44 Jean Baronnet et Jean Chalou, op. cit. 45 Roger PĂ©rennĂšs, op. cit. 32Circonstance aggravante, lorsque lâinsurrection commença, Ă Bouloupari, trois Communards, Pierre Broussat, Victor Hoiret et Francis Pascal furent parmi les premiĂšres victimes, le 26 juin 187844. De ce fait, des Communards se portĂšrent immĂ©diatement volontaires pour combattre les armes Ă la main, ce qui fut acceptĂ© par les autoritĂ©s. Un dirigeant de la Commune, par ailleurs membre de lâAssociation internationale des travailleurs ou IĂšre Internationale, Charles Amouroux, prit la tĂȘte dâun groupe dâune trentaine de Communards, qui participa Ă la rĂ©pression et Ă la capture dâinsurgĂ©s45. RĂ©cit dâun autre tĂ©moin, Henri Berthier 46 Henri RiviĂšre, capitaine de frĂ©gate, chargĂ© de diriger la rĂ©pression aprĂšs la mort du colonel Gally ... 47 Femmes kanak. 48 RĂ©cit de la rĂ©volte kanak, vers 1890, citĂ© par Gaston Da Costa, La Commune vĂ©cue 18 mars-28 mai 1 ... La situation Ă©tait extraordinairement pĂ©rilleuse pour tous les postes du nord de la colonie, car RiviĂšre46 ne disposait que dâun trĂšs petit nombre de matelots. ⊠Inquiet, le commandant RiviĂšre autorisa son lieutenant, M. Servan, Ă nous armer. ⊠Un soir, la nouvelle se rĂ©pandit que les tribus rĂ©voltĂ©es descendaient des hauteurs sur Canala. ⊠Nous fĂźmes notre jonction avec la colonne du commandant RiviĂšre, qui nous fĂ©licita cordialement et promit de nous sortir du milieu de forçats dans lequel on avait eu le tort, disait-il, de nous plonger. Les tribus rĂ©voltĂ©es furent bientĂŽt cernĂ©es et faites prisonniĂšres. Les principaux chefs furent traduits devant un conseil de guerre, condamnĂ©s Ă mort et fusillĂ©s. Ensuite, nous fumes de nouveau envoyĂ©s dans la brousse ⊠pour cerner les canaques dĂ©bandĂ©s et les ramener Ă Canala. GrĂące Ă lâhabile tactique de notre chef, lâopĂ©ration rĂ©ussit Ă merveille aprĂšs trois journĂ©es de manĆuvres, nous ramenions Ă Canala, sans avoir tuĂ© personne, une foule de canaques, de popinĂ©es47 et dâenfants. Peu aprĂšs le lieutenant Servan dut nous faire dĂ©sarmer ; mais il dĂ©cida quâon ne nous obligerait plus Ă aucun travail, et quâon attendrait lâordre rĂ©clamĂ© par lui et par le commandant RiviĂšre de nous envoyer Ă la presquâĂźle Ducos. »48 33Peu de temps aprĂšs avoir fait le coup de feu avec les Kanak, Amouroux fut amnistiĂ©, puis rentra en mĂ©tropole trĂšs rapidement. Il frĂ©quenta les milieux politiques 49 La Presse, 25 avril 1880. On remarquait hier dans les couloirs du Palais-Bourbon M. Amouroux, ancien membre de la Commune, causant avec plusieurs dĂ©putĂ©s. ⊠On sait que lâancien ouvrier chapelier a obtenu sa grĂące Ă la suite de la rĂ©pression de lâinsurrection canaque. Sous la direction de M. Servan, Amouroux avait organisĂ© et conduit une troupe de francs-tireurs composĂ©e de forçats communards, troupe qui rendit Ă cette occasion des services sĂ©rieux. »49 34Le plus extraordinaire dans ce rĂ©cit est que le rapprochement, mĂȘme partiel, avec lâinsurrection de 1871 nâest jamais fait, quâil paraĂźt mĂȘme Ă©chapper Ă la rĂ©flexion des Communards. MĂȘme lâemploi de formules identiques Ă celles entendues au pied des barricades parisiennes Les principaux chefs furent traduits devant un conseil de guerre, condamnĂ©s Ă mort et fusillĂ©s » ne les choque pas. 50 DĂ©cret du prĂ©sident de la RĂ©publique en date du 31 dĂ©cembre 1878. La liste des 24 premiers amnistiĂ© ... 51 Il sâĂ©tait Ă©vadĂ© du bagne, puis sâĂ©tait fixĂ© Ă Londres en juin 1874. 35Ce patriotisme » valut Ă certains une premiĂšre amnistie50. Puis une loi gĂ©nĂ©rale fut votĂ©e le 11 juillet 1880. Henri Rochefort rentra le premier juillet51, suivi de ceux qui Ă©taient restĂ©s dans la Grande Ăle ». Louise Michel fut de retour en mĂ©tropole le 9 novembre. 36Lâun dâeux, Jules Renard â rien Ă voir, est-il utile de le prĂ©ciser, avec lâauteur de Poil de carotte â souligna lui-mĂȘme le satisfecit » dont il fut lâobjet de la part des autoritĂ©s militaires 52 1879. 53 Le Retour dâun AmnistiĂ©. Notes et impressions dâun passager du Calvados », Paris, Impr. C. Murat, ... On nous a embarquĂ©s le mardi 1er juillet52 dans la matinĂ©e. Le lendemain 2, les chefs de plat ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă faire nommer Ă lâĂ©lection des chefs de compartiment ou chefs de poste. Dans lâaprĂšs-midi, les chefs de poste furent reçus par le commandant. M. RiviĂšre leur dit quâil avait eu plusieurs de nos camarades sous ses ordres pendant lâinsurrection canaque et quâil avait Ă©tĂ© satisfait de leur conduite. Câest donc volontiers quâil nous rapatrie »53. 54 Histoire de lâAlgĂ©rie racontĂ©e aux petits enfants. Leçons, rĂ©sumĂ©s, exercices oraux ou Ă©crits, Alge ... 37Ce mĂȘme Jules Renard alla ensuite sâinstaller en AlgĂ©rie Oran, oĂč il devint enseignant et Ă©crivit des ouvrages solidement colonialistes destinĂ©s Ă lâĂ©ducation des enfants des Ă©coles54⊠55 Alban Bensa, op. cit. 56 Un proscrit de la Commune meurt en CalĂ©donie », lâHumanitĂ©, 27 dĂ©cembre 1923. 38Les derniers dĂ©portĂ©s communards en Kanaky quittĂšrent lâĂźle en 1880, seuls une vingtaine, devenus libres, ayant choisi de rester55. Le dernier dâentre eux, Jean Roch, dit Jean Chalier, mourut Ă NoumĂ©a en dĂ©cembre 192356. Destins croisĂ©s Communards et Kabyles insurgĂ©s 57 Germaine MailhĂ©, DĂ©portations en Nouvelle-CalĂ©donie des Communards et des rĂ©voltĂ©s de la Grande Kab ... 39La coĂŻncidence des dates permet parfois de faire des rapprochements intĂ©ressants. Lâinsurrection de Kabylie commença le 16 mars 1871, celle de la Commune de Paris deux jours plus tard. Dans les deux cas, les vaincus furent jugĂ©s et impitoyablement condamnĂ©s par les vainqueurs. On sait que les uns et les autres furent condamnĂ©s Ă la dĂ©portation en Kanaky57. On estime quâil y eut de lâordre dâune centaine de Kabyles. 58 Les proscrits de la Commune avaient obtenu lâautorisation de publier une presse, Ă©videmment contrĂŽl ... 40Ces proscrits furent donc amenĂ©s Ă se croiser. Or, les quelques tĂ©moignages que lâon possĂšde ne font pas rĂ©fĂ©rence Ă la solidaritĂ© des causes, Ă la similitude des combats. Le 12 octobre 1878, un tĂ©moin, qui avait naguĂšre Ă©tĂ© soldat en AlgĂ©rie, Ă©crit58 59 La confusion entre Kabyles et Arabes Ă©tait alors gĂ©nĂ©rale. 60 Louis Barron, Nos voisins les Arabes », Le Parisien illustrĂ©, 12 octobre 1878, citĂ© sur le site d ... LâArabe59, en Nouvelle-CalĂ©donie, se trouve dans son cadre naturel. Les arbres, les plantes de cette Ăźle intertropicale sont Ă peu prĂšs les arbres et les plantes de son pays, tel point de vue, telle Ă©chappĂ©e de paysage, entre deux collines arides, semblent avoir Ă©tĂ© transportĂ©es jusquâici de certaines rĂ©gions pauvres de lâAlgĂ©rie. Peut-ĂȘtre nos compagnons, non mĂ©lancoliques mais contemplatifs, songent-ils le soir, quand le soleil couchant empourpre lâhorizon de ses derniers feux, aux caprices Ă©tranges dâAllah, qui les a voulu placer dans cette image en raccourci de leur patrie. Peut-ĂȘtre, le front tournĂ© vers La Mecque, remercient-ils le ProphĂšte dâavoir ainsi allĂ©gĂ© leurs Ă©preuves. Au moins sont-ils assurĂ©s dâune compensation dans lâautre monde. Sâils passent sans ĂȘtre blessĂ©s sur le fil tranchant du glaive, El-ar, qui les sĂ©pare du paradis, ils jouissent pour lâĂ©ternitĂ© du bonheur de monter Ă cheval, de boire du vin et de caresser les houris. Tandis que nous !... »60 41Outre des apprĂ©ciations Ă©tonnantes sur les vĂ©gĂ©tations dâAlgĂ©rie et de Kanaky, ce texte â parmi dâautres â surprend par lâabsence de rĂ©fĂ©rence aux causes de la rĂ©volte des Kabyles. Il ne viendra Ă personne lâidĂ©e de considĂ©rer que les Communards, en Kanaky, ont Ă©tĂ© traitĂ©s avec douceur. Pourtant, les Kabyles ont eu un sort infiniment pire. 61 Bertrand Jalla, Quelle amnistie dans les colonies ? Lâexemple des condamnĂ©s algĂ©riens de 1871 », ... 42Dâabord, la loi dâamnistie de juillet 1880, qui permit aux Communards de quitter lâĂźle, ne leur fut pas appliquĂ©e. Une circulaire ministĂ©rielle dâaccompagnement 25 avril 1881 prĂ©cisa bien que seuls Ă©taient concernĂ©s les faits insurrectionnels survenus sur le territoire mĂ©tropolitain61 ». 62 La confĂ©rence de la salle Ragache », LâIntransigeant, 31 aoĂ»t 1880. 43Ă leur retour en France, pourtant, quelques-uns des anciens dĂ©portĂ©s communards firent connaĂźtre le sort de leurs compagnons dâinfortune. DĂšs aoĂ»t, un mois aprĂšs leur retour, Henri Rochefort et son compagnon dâĂ©vasion Olivier Pain organisĂšrent, salle Ragache, rue Lecourbe Ă Paris, un meeting exigeant que les insurgĂ©s algĂ©riens soient inclus dans la loi62. Toutefois, si la protestation partait dâun sentiment noble, lâargumentaire Ă©tait troublant Pain insista sur la responsabilitĂ© des militaires dans la genĂšse de lâinsurrection les fameux Bureaux arabes, le dĂ©vouement des soldats algĂ©riens durant la guerre franco-prussienne, pour conclure par la dĂ©nonciation du dĂ©cret CrĂ©mieux naturalisation en bloc des juifs dâAlgĂ©rie, octobre 1870. On sait que lâantisĂ©mitisme gangrĂ©na durablement la gauche française Ă lâĂ©poque. Rochefort, notamment, fut fĂ©rocement antidreyfusard. 63 Lâamnistie et les Arabes », LâIntransigeant, 10 fĂ©vrier 1895. 64 Philippe Dubois, Les insurgĂ©s arabes de 1871 », LâIntransigeant, 12 mars 1895. 44En fĂ©vrier 1895, le dĂ©putĂ© de la Guadeloupe, Auguste Isaac, interpela de nouveau le gouvernement Ă ce propos63. Quelques jours plus tard, LâIntransigeant publia un rĂ©capitulatif assez fidĂšle mais une fois de plus entachĂ© de considĂ©rations antisĂ©mites haineuses, rappelant la genĂšse de lâaffaire, la duretĂ© de la rĂ©pression, et revint sur lâexigence de lâamnistie64. 65 Louise et Annie Gayat, Kabyles du Pacifique, communards et Nouvelle-CalĂ©donie », site des Amis de ... 45Un dĂ©portĂ© kabyle eut un destin exceptionnel Aziz El Haddad, fils dâun des cheikhs qui avaient dĂ©clenchĂ© la rĂ©volte de 1871, rĂ©ussit Ă sâĂ©vader en 1881, passa par lâAustralie, vint ensuite en France aprĂšs un long pĂ©riple pour rĂ©clamer la restitution de ses biens fĂ©vrier 1895. LĂ , il retrouva un Communard qui Ă©tait devenu son ami, Charles-EugĂšne Mourot. Il mourut au domicile de Mourot, au 45 du boulevard MĂ©nilmontant, face au PĂšre-Lachaise. Les anciens Communards se cotisĂšrent pour rapatrier son corps en Kabylie65. Haut de page Notes 1 Henri Alleg, Le torrent souterrain », dans Henri Alleg dir., La Guerre dâAlgĂ©rie, vol. I, Paris, Temps actuels, 1981. 2 Marcel Cerf, Maxime Lisbonne, le DâArtagnan de la Commune, Paris, Le Pavillon, 1967. Voir Ă©galement le roman de Didier Daeninckx, Le Banquet des affamĂ©s, Paris, Gallimard, 2012. 3 Jacques Vingtras. LâInsurgĂ©. 1871, Paris, G. Charpentier & Cie, 1886. 4 Maxime Vuillaume, La proclamation de la Commune » brochure non signĂ©e, dans Hommes et Choses du temps de la Commune, Paris 1871, vol. IV, Brochures, GenĂšve-Bruxelles-Londres, 1871 Gallica. 5 Auguste Raffet, Paris sous la Commune, 1885, Reprint Paris, Ăditions Dittmar, 2002. 6 Le troisiĂšme bataillon est celui des Turcos, dont le commandant Wolff sera tuĂ© au combat, sans quâon sache oĂč ni comment. Nous nâavons quasiment rien retrouvĂ© sur cette unitĂ© qui semble avoir donnĂ© des sueurs froides aux militaires⊠» AndrĂ© Thomas, Les enfants perdus de la Commune », Cultures et Conflits, n° 18, 1995. 7 Le Soir, 13 fĂ©vrier 1872 ; repris dans Contes du lundi, Paris, Lemerre, 1873. 8 Jean-Pierre PĂ©cau, BenoĂźt Dellac et Thorn, LâHomme de lâannĂ©e, 1871. Lâun des hĂ©ros de la Commune de Paris, album de bande dessinĂ©e, Paris, Delcourt, 2014. Dâautres versions situent sa mort lors des combats de 1870 contre les Prussiens. Voir Le Petit Parisien, 26 mars 1897 Ă lâoccasion du dĂ©cĂšs de DâAbbadie. 9 Claude Martin, La Commune dâAlger 1870-1871, Paris, HeraklĂšs, 1936 ; Marcel Ămerit, La question algĂ©rienne en 1871 », Revue dâhistoire moderne et contemporaine, tome XIX, avril-juin 1972. 10 CitĂ© par Charles-Robert Ageron, Les AlgĂ©riens musulmans et la France 1871-1919, vol. I, Paris, Publications de la facultĂ© des lettres et sciences humaines de Paris-Sorbonne/PUF, 1968. 11 Journal des dĂ©bats, 7 septembre 1870. 12 Certaines biographies le prĂ©sentent comme le comte de Calvinhac. 13 Dans Journal des journaux de la Commune. Tableau rĂ©sumĂ© de la presse quotidienne, du 19 mars au 24 mai 1871. Lois, dĂ©crets, proclamations, rapports & informations militaires, sĂ©ances de la Commune, etc., reproduits dâaprĂšs le Journal officiel de Paris. Extraits des autres journaux, organes ou dĂ©fenseurs de la Commune, le tout contrĂŽlĂ© par les dĂ©pĂȘches, circulaires et avis du Gouvernement et par des extraits du Journal officiel publiĂ© Ă Versailles, vol. I, Paris, Garnier FrĂšres, Librairies-Ăditeurs, 1872 Gallica. 14 Journal des dĂ©bats, 1er avril 1871. 15 Jean-Luc LabbĂ©, notice Lambert Alexandre », Dictionnaire biographique Maitron, Mouvement ouvrier, Mouvement social, . 16 Nous nâavons pas retrouvĂ© trace de son passĂ© algĂ©rien avant 1871. 17 Alphonse Bertrand, La Chambre de 1893. Biographies des 681 dĂ©putĂ©s, avec avertissement et documents divers, Paris, Ancienne Maison Quantin, Librairies-Imprimeries rĂ©unies, 1893 Gallica. 18 Affaire de lâOued-Okris subdivision dâAumale », dans RĂ©impression du Journal officiel de la RĂ©publique française sous la Commune, du 19 mars au 24 mai 1871, Paris, Victor Bunel Ăd., 1871 Gallica. 19 AlgĂ©rie », Journal officiel de la Commune, op. cit., 8 mai 1871 Gallica. 20 Un rectificatif ultĂ©rieur prĂ©cisera quâil sâagissait du journal La Paix et non La Patrie, Journal officiel de la Commune, op. cit., 12 mai 1871. 21 Les bureaux arabes, fondĂ©s sous le Second Empire, Ă©taient entre les mains des officiers. Il se passa Ă cette Ă©poque un phĂ©nomĂšne Ă©tonnant les militaires se voulurent â et furent souvent â les protecteurs des indigĂšnes » face aux exactions des colons et des petits Blancs ». 22 Journal officiel de la Commune, op. cit., 3 mai 1871. 23 Par respect pour les demandes du mouvement national de cette Ăźle, nous avons adoptĂ© les appellations Kanaky pour Nouvelle-CalĂ©donie et Kanak Ă la place de Canaque, ce dernier nom Ă©tant invariable. 24 EugĂšne Morand, Le Figaro, 6 fĂ©vrier 1872. 25 Roger PĂ©rennĂšs, DĂ©portĂ©s et forçats de la Commune, de Belleville Ă NoumĂ©a, Nantes, Ouest Ăditions/UniversitĂ© inter-Ăąges, 1991. 26 Alban Bensa, Nouvelle-CalĂ©donie. Un paradis dans la tourmente, Paris, Gallimard, coll. DĂ©couvertes », 1990. 27 Jean Baronnet et Jean Chalou, Communards en Nouvelle-CalĂ©donie. Histoire de la dĂ©portation, Paris, Mercure de France, 1987. 28 Alice Bullard, Exile to Paradise Savagery and Civilization in Paris and the South Pacific, 1790-1900, Stanford, California, Stanford University Press, 2000. 29 Louise Michel, MĂ©moires Ă©crits par elle-mĂȘme, Paris, F. Roy, 1886 ; Je vous Ă©cris de ma nuit. Correspondance gĂ©nĂ©rale, 1850-1904, Paris, Ăd. de Paris/Max Chaleil, 1999 ; Ămilie Cappella, Louise Michel, exil en Nouvelle-CalĂ©donie, Paris, Magellan & Cie, Coll. Textes et fragments », 2005 ; JoĂ«l DauphinĂ©, La DĂ©portation de Louise Michel. VĂ©ritĂ© et lĂ©gendes, Paris, Les Indes savantes, 2006. 30 Lettre au citoyen Paysan et Ă nos amis, non datĂ©e JoĂ«l DauphinĂ©, op. cit.. 31 LĂ©gendes et chants de gestes canaques, Paris, KĂ©va & Cie, 1885 Gallica. 32 Dans Je vous Ă©cris de ma nuit, op. cit. 33 Elle nâadoptera le drapeau noir quâĂ son retour en France dĂ©claration lors dâun meeting, 18 mars 1882 Plus de drapeau rouge, mouillĂ© du sang de nos soldats. Jâarborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions » Site Internet Le Drapeau noir. 34 Louise Michel mouchard » titre Ă©tonnant, car lâarticle lave la militante de ce soupçon, Le Gaulois, 28 septembre 1882. 35 La Commune. Histoire et souvenirs, Paris, Stock, 1898. 36 Op. cit. 37 Ses parents, Ă©galement communards, avaient Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s avec lui. 38 De la Commune Ă lâAnarchie, Paris, Stock, 1894, citĂ© sur le site de RenĂ© Merle. 39 Cavarey, Album de lâĂle des Pins, 27 juillet 1878, citĂ© par Jean Baronnet et Jean Chalou, op. cit. 40 Lettre, 1er janvier 1879, citĂ© par Jean Baronnet et Jean Chalou, op. cit. 41 Album de lâĂle des Pins, vers 1880, citĂ© par Ămilie Cappella, Louise Michel, exil en Nouvelle-CalĂ©donie, Paris, Magellan & Cie, Coll. Textes et fragments », 2005. 42 Op. cit. 43 Simon-Mayer, Souvenirs dâun dĂ©portĂ©, Ătapes dâun forçat politique, Paris, E. Dentu,1880 Gallica. 44 Jean Baronnet et Jean Chalou, op. cit. 45 Roger PĂ©rennĂšs, op. cit. 46 Henri RiviĂšre, capitaine de frĂ©gate, chargĂ© de diriger la rĂ©pression aprĂšs la mort du colonel Gally-Passebosc. Câest ce mĂȘme RiviĂšre qui devait mourir Ă HanoĂŻ en 1883. 47 Femmes kanak. 48 RĂ©cit de la rĂ©volte kanak, vers 1890, citĂ© par Gaston Da Costa, La Commune vĂ©cue 18 mars-28 mai 1871, vol. III, Paris, Librairies-imprimeries rĂ©unies, 1905 Gallica. 49 La Presse, 25 avril 1880. 50 DĂ©cret du prĂ©sident de la RĂ©publique en date du 31 dĂ©cembre 1878. La liste des 24 premiers amnistiĂ©s parut au JO du 1er janvier 1879. 51 Il sâĂ©tait Ă©vadĂ© du bagne, puis sâĂ©tait fixĂ© Ă Londres en juin 1874. 52 1879. 53 Le Retour dâun AmnistiĂ©. Notes et impressions dâun passager du Calvados », Paris, Impr. C. Murat, 1879 Gallica. 54 Histoire de lâAlgĂ©rie racontĂ©e aux petits enfants. Leçons, rĂ©sumĂ©s, exercices oraux ou Ă©crits, Alger, Libr. classique Adolphe Jourdan, 1884 Gallica ; Les Ătapes dâun petit AlgĂ©rien dans la province dâOran, ouvrage de lecture publiĂ© sous le patronage du Conseil gĂ©nĂ©ral et de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie dâOran, Paris, Libr. Hachette, 1888. 55 Alban Bensa, op. cit. 56 Un proscrit de la Commune meurt en CalĂ©donie », lâHumanitĂ©, 27 dĂ©cembre 1923. 57 Germaine MailhĂ©, DĂ©portations en Nouvelle-CalĂ©donie des Communards et des rĂ©voltĂ©s de la Grande Kabylie 1872 Ă 1876, Paris, LâHarmattan, 1994. 58 Les proscrits de la Commune avaient obtenu lâautorisation de publier une presse, Ă©videmment contrĂŽlĂ©e. Voir le site de Georges Coquilhat, Ma Nouvelle CalĂ©donie, . 59 La confusion entre Kabyles et Arabes Ă©tait alors gĂ©nĂ©rale. 60 Louis Barron, Nos voisins les Arabes », Le Parisien illustrĂ©, 12 octobre 1878, citĂ© sur le site de Georges Coquilhat. 61 Bertrand Jalla, Quelle amnistie dans les colonies ? Lâexemple des condamnĂ©s algĂ©riens de 1871 », Ultramarines, AMAROM, Aix-en-Provence, n° 23, 2004. 62 La confĂ©rence de la salle Ragache », LâIntransigeant, 31 aoĂ»t 1880. 63 Lâamnistie et les Arabes », LâIntransigeant, 10 fĂ©vrier 1895. 64 Philippe Dubois, Les insurgĂ©s arabes de 1871 », LâIntransigeant, 12 mars 1895. 65 Louise et Annie Gayat, Kabyles du Pacifique, communards et Nouvelle-CalĂ©donie », site des Amis de la Commune de Paris, 18 mai 2012,.Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Alain Ruscio, Communes, communards, question coloniale », Cahiers dâhistoire. Revue dâhistoire critique, 153 2022, 131-144. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Alain Ruscio, Communes, communards, question coloniale », Cahiers dâhistoire. Revue dâhistoire critique [En ligne], 153 2022, mis en ligne le 01 aoĂ»t 2022, consultĂ© le 28 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Nous lâEurope, banquet des peuples : ressasser les erreurs du passĂ©. Replonger dans les souvenirs dâun passĂ© marquĂ© par de grands Ă©vĂšnements historiques ; Roland
LaurentGaudĂ©, nous met au banquet des peuples, avec « Nous lâEurope » Par Dashiell Donello Le livre de Laurent GaudĂ© est dĂ©diĂ© Ă ceux et Ă celles, qui plongĂ©s dans le tourment de lâHistoire, ont prononcĂ© ce mot « Europe », avec ardeur. Mais quel avenir
Startyour review of Nous, l'Europe: banquet des peuples. Write a review. Jun 02, 2019 Giorgia rated it really liked it · review of another edition. Ă stato strano leggere dell'Europa in questa modalitĂ narrativa ma versificata, un approccio interessante e certamente da approfondire in futuro. La forma, da amante della poesia, mi Ăš sembrata azzeccata per raccontare la StoriaLesHumanitĂ©s des DN MADe mortuaciens. Le savoir est une arme de construction massive. Menu et widgets. SĂ©lection BEST-OF; CRITĂRES DâĂVALUATION; Rechercher : CatĂ©gories. AnimĂ©s (9) Architecture (31) Art contemporain (74) Art culinaire (7) Artisanat d'art / design (63) Arts martiaux / sports (4) CinĂ©ma / sĂ©ries (149) Danse (4) DĂ©bats de sociĂ©tĂ© (29) Documentaire (21) Environ1200 personnes (soit prĂšs du double de l'audience du banquet de Rivarol) s'Ă©taient donnĂ© rendez-vous pour Ă©couter de nombreux confĂ©renciers sâexprimer sur Nous lâEurope, Banquet des peuples, Laurent GaudĂ© (par Patrick Devaux) Ecrit par Patrick Devaux, le Vendredi, 07 Juin 2019. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, PoĂ©sie, Actes Sud. Nous, lâEurope, Banquet des peuples, mai 2019, 192 pages, 17,80 ⏠. Ecrivain(s): Laurent GaudĂ© Edition: Actes Sud. Faire un tour dâEurope comme pour appuyer son AprĂšs mon travail sur lâEurope dans Nous, lâEurope, Banquet des peuples, jâai voulu continuer ma recherche sur les puissances politiques actuelles en mâintĂ©ressant Ă la Chine.Jây suis allĂ© en 2019 pour rencontrer Luo Ying qui, ayant Ă©tĂ© garde rouge pendant la RĂ©volution culturelle, relate les violences de cette expĂ©rience dans Le GĂšne du Garde-Rouge â souvenirs de la
EditionsActes Sud - mai 2019. L'Europe est nĂ©e comme une nĂ©o civilisation au XIXe siĂšcle, en 1848 avec ce Printemps des Peuples. Comme une clameur qui s'Ă©lĂšve et est reprise dans plusieurs pays, que Victor Hugo appela de ses vĆux en parlant d'Etats Unis d'Europe. Cette Europe, elle a des rĂȘves grandioses, elle poursuit la colonisation et se jette dansuszpHIS.